La mauvaise foi définie par les locuteurs et locutrices ordinaires : l’infraction consciente d’une norme interactionnelle ? Analyse descriptive d’un corpus de discours réfutatifs en contexte digital

Cette thèse questionne les définitions ordinaires prototypiques (Evans, 2019 ; Rosch, 1973, 1988) de la mauvaise foi en tant que « fait de discours » (Szlamowicz, 2022a, p. 13). Dans une approche descriptive, elle se penche ainsi en particulier sur les comportements définitoires déployés par les locuteur-trice-s ordinaires en prémisses de leurs accusations de mauvaise foi, observés au moyen de la reconstruction dialectique (Eemeren, 2018 ; Eemeren et al., 1993, 2014; Eemeren & Houtlosser, 2017). Par l’analyse d’un corpus de 268 actes réfutatifs récoltés sur deux forums de discussion en ligne — le Forum Sceptique et le forum Madmoizelle — elle dessine, à l’aide d’outils empruntés à la méthode par théorisation ancrée (Lejeune, 2019), un panel de 30 catégories de comportements prototypiquement définitoires de la mauvaise foi ordinaire. Ce faisant, cette recherche vise dans un second temps à interroger la correspondance des définitions savantes en regard des propriétés de la mauvaise foi telles que visibles dans l’usage. Elle défend ainsi l’importance de tenir compte des définitions ordinaires de concepts discursifs avant de chercher à en établir une définition savante normative, voire prescriptive.