Quand la langue définit le statut social de l'étranger et son pouvoir d'agir dans la société. Enjeux sociolinguistiques de la migration : glottophobie, xénophobie et légitimité linguistique

Ce sujet vise à aborder les enjeux que le migrant peut rencontrer en lien avec la pratique d’une

langue qui lui est étrangère ou seconde, et en particulier les attitudes de rejet décrites par la littérature

scientifique comme découlant de la glottophobie, à savoir d’une attitude dévalorisante vis-à-vis des

particularités individuelles langagières d’un locuteur. Cette attitude est souvent à la lisière de la

méfiance face à quelque chose de différent ou d’inhabituel, autrement dit de ce qui dévie d’une

« norme » communément acceptée, ce qui rapproche la glottophobie du phénomène dévalorisant et

discriminatoire social plus large qu’est la xénophobie. Ce rejet engendre fréquemment des doutes

chez le migrant quant à sa capacité et à sa légitimité à parler sa langue étrangère, quant à sa place

dans la société locale et, par conséquent, quant à son pouvoir et son droit d’agir dans la société qui

l’accueille : en d’autres termes, son intégration tant sociale (construction de liens sociaux amicaux ou

familiaux) que professionnelle (construction de la carrière professionnelle) s’en voient fragilisés. De

ce constat découle la question qui sous-tendra le présent travail : comment la discrimination

linguistique générée par des phénomènes de variation (par exemple l’accent) liés à l’influence de la

langue d’origine du migrant sur la langue cible manifeste-t-elle des biais sociaux concernant les

origines économiques et géopolitiques de la personne, et comment cette forme spécifique de

discrimination s’articule-t-elle à d’autre formes de discrimination (racisme, sexisme, xénophobie, etc.)

pour définir, affecter ou influencer son statut social dans tous les domaines du quotidien (santé,

logement, emploi, formation), avec quel impact sur son pouvoir d’agir socialement et

professionnellement.